Kirghizstan


25.11.2015

Entrée au Kirghizstan très mouvementée


Après avoir traversé la ville de Korday très active, nous arrivons à la frontière en début d’après-midi. Des hommes nous arrêtent juste avant la barrière, nous indiquant qu’on ne peut pas passer par là. Pendant que Ricardo discute avec une personne par sa fenêtre, ma portière s’ouvre et un homme grimpe à mon niveau. Je ne le quitte pas des yeux, lui faisant signe de redescendre. Lui regarde sans gêne vers l’arrière du camion et demande des tengue (argent kazakh), en échange il nous montrerait le chemin. C’est « niet » et je le repousse gentiment mais fermement hors du camion. Il redescend et je verrouille la portière. Contrairement à cette « brebis noire », les autres personnes nous donnent ces informations gratuitement. On nous indique un autre poste de frontière à 10 km de là, par lequel passent les camions en transit. Le passage de douane est un peu chamboulé, en raison de leur gentillesse. Par exemple normalement les passagers passent en tant que piétons, mais comme il fait froid, le douanier au portail autorise les enfants à rester dans le camion avec Ricardo, qui doit maintenant s’occuper des papiers du camion et des filles. Ensuite, comme les papiers à remplir sont en russe, un autre douanier propose son aide à Ricardo, alors qu’il était responsable d’un poste différent, ce qui fait que l’ordre de passage change et complique un peu les démarches. Lorsque je rejoins le camion, un douanier y attend pour le contrôle et m’interpelle au sujet de notre caméra surveillance dans le pare-brise. Il est en effet strictement interdit de filmer et de prendre des photos dans l’enceinte de la frontière, alors pour le rassurer, je la débranche et lui montre la prise.
Ce passage a été assez rapide et la gentillesse et serviabilité des douaniers appréciable.
A la sortie de frontière nous n’avions pas encore eu le temps de régler le GPS. Au premier croisement nous demandons à un agent de police le chemin vers Bichkek, la capitale kirghize. Celui-ci nous indique la route à prendre, on le remercie gentiment, mais juste avant de continuer, il nous fait signe de nous arrêter sur le bas-côté. Comme à tous les contrôles, Ricardo lui montre les papiers. Il doit sortir du camion et suivre l’agent vers la voiture de police.  Jusque-là rien de nouveau, mais là, l’agent demande de l’argent pour qu’on puisse récupérer les papiers. Ricardo ne comprend pas tout de suite, car il ne s’y attendait pas, mais l’agent insiste, il prend une feuille et écrit 3000 coms dessus (équivalent de + ou – 35 €). Pour ceux qui connaissent Ricardo, vous vous imaginez bien sa réaction assez directe. Il se fâche et pour impliquer les trois autres agents dans la discussion il hausse le ton.  Même si l’agent ne comprend sûrement pas grand-chose, le ton de Ricardo est sans équivoque. Il déclare, que nous n’avons pas commis d’infraction, qu’il va de ce pas prendre le numéro de plaque du véhicule et appeler la « vraie » police.  Le policier, surpris par la tournure des événements,  et se retrouvant seul, car ses collègues se sont détournés de lui, rattrape Ricardo et lui rend les papiers…

Il faut savoir que Ricardo tient en estime et respecte les fonctionnaires de police et les forces de l’ordre, car après tout ils représentent la loi et les droits de la société. En revanche, les policiers ripoux (corrompus), le fâchent et la malhonnêteté de ces personnes qui devraient être exemplaires, lui laisse un goût amer…
Après cette entrée au pays un peu spéciale, nous pouvons continuer et chercher un bivouac avant de visiter la capitale Bichkek.

Bichkek et suite du voyage plus zen.

La capitale du Kirghizstan compte un peu moins d’un million d’habitants. C’est une ville agréable comportant de grands boulevards bordés d’arbres. Mais après Almaty au Kazakhstan, nous n’avons pas vraiment envie de nous attarder encore dans une grande ville. Nous ne faisons qu’une balade de quelques heures, qui nous mène par la place principale d’Ala-Tau et nous fait traverser quelques rues et parcs du centre-ville. Les filles aiment observer les nombreux écureuils qui grimpent sur les arbres et courent dans les parcs, pendant que Ricardo et moi profitons de l’ambiance détendue qui règne ici.
Après un déjeuner de Mantys (gros raviolis) et de laghmans (pâtes), les plats typiques de l’asie centrale, nous reprenons la route vers l’est. 


Un drapeau bien gardé...

La place Ala - Tau

Moment de détente pour les parents...

...et les enfants.

Cherchez l'écureil...

...Trouvé.



Notre deuxième destination est le lac Issyk Kul, que nous rejoignons le même jour, car la route y menant est très bonne. 


Même si ça n'en a pas l'air, ce sont vraiment de bonnes routes pour notre CamCam. 

Le magnifique lac Issyk Kul est le deuxième plus grand lac alpin au monde après le Titicaca en Bolivie. Perché à plus de 1600 m d’altitude, il s’étend sur 180 km de long et 70 km de large. Le lac est légèrement salé et ne gèle donc jamais. Nous y trouvons une belle plage, où nous passons deux journées bien reposantes.  

Photo promo pour notre sponsor Goodyear.

A peine arrivés, les enfants sont déjà près de l'eau ( dans l'eau pour Maelys).

Maelys teste son nouvel arc, fabriqué par ses soins. 





Le soleil se couche derrière les montagnes, nos capuches se lèvent sur nos têtes. 

Retour vers CamCam, encore une belle fin de journée...
Un nouveau jour se lève, photo prise de notre lit...

Bien au chaud dans notre lit, nous admirons ces pêcheurs dans la "fraîcheur" matinale...


Séance de frisbee.

Pour le retour vers l’ouest, nous passons par une chaîne de montagnes en longeant la rivière Chuy, le décor est magnifique et impressionnant. 

Un autre beau plan d'eau à une vingtaine de kilomètres du lac Issyk Kul.

Pendant la première partie du trajet les routes sont assez larges, mais au fur et à mesure que les kilomètres défilent, celles-ci se rétrécissent. D’un côté, nous rasons des parois vertigineuses et de l’autre un ravin, où serpente la rivière en contrebas. Certains tronçons sont tellement étroits qu’on remercie le ciel de ne pas tomber sur un des nombreux camions transportant du charbon, que nous avions croisé la veille. Sauf malheureusement, ceux qui sont en panne au bord de route. Certains de ces camions, sortis d’un autre âge et continuellement en surcharge n’ont pas réussi l’épreuve de ces montagnes. Mais ils ne sont pas abandonnés : Nous admirons ces mécaniciens et chauffeurs qui essayent coûte que coûte de rafistoler leur monture. Certains sont sur place depuis plusieurs jours et à court de vivre font appel à la solidarité des camionneurs, nous y compris. C’est avec grand plaisir que nous leur offrons quelques fruits, boissons,…

Les températures descendent maintenant autour de O°C et passent en négatif la nuit. Sur la route la neige et le verglas font leur apparition.







Camion d'une autre époque transportant du charbon.


Malgré la neige et la glace, nous ne ressentons pas le froid, car le soleil est présent.


Lors d’un bivouac à 2150m, nous avons la mauvaise surprise que le chauffage auxiliaire, qui alimente le radiateur dans l’habitacle, tombe en panne pendant la nuit. Nous n’arrivons plus à le démarrer, la température à l’intérieur de CamCam descend à 9°C.  Cerise sur le gâteau, au matin, le camion lui non plus ne veut plus démarrer. Ricardo constate rapidement que le Diesel a gelé. Notre thermostade indique -10°C à l’extérieur, il a dû faire plus froid encore pendant la nuit. Nous sommes au milieu de nulle part… heureusement, avec le lever du soleil, les températures repartent un peu à la hausse.  A cette altitude le soleil tape fort. Ricardo en profite pour rajouter de l’essence dans le réservoir côté soleil, pour le mélanger au Diesel. Un peu plus tard, il arrive ainsi à relancer le moteur. Le tuyau, amenant les eaux grises au réservoir, a lui aussi gelé, l’eau de la vaisselle ne s’évacue pas. En rajoutant de l’eau bouillante, nous arrivons doucement à dégeler le tuyau.

ça fume bleu, mais au moins, le moteur tourne.



Lorsque nous reprenons la route vers 12 h30, nous avons toujours -2°C.  Nous passons ce même, jour le col le plus haut de notre voyage au Kirghizstan : le col Ötmuk, qui fait 3330 m.


Route à moitié sous la glace... même pas peur 

Là par contre 100 % sous la glace, on rigole déjà moins 



Début du col vers notre point le plus haut avec CamCam.

Un instant d'inattention, une plaque de glace et ça peut tourner vite au drame...


Bravo CamCam, malgré le grand froid et la mauvaise qualité de carburant, il nous a mené jusqu' au top.


Après cela, la route redescend, et nous trouvons un bivouac le long de la rivière Talaz, à 1400m d’altitude. Ricardo est assez courageux pour se laver les cheveux dans l’eau. Moi, j’ai déjà dur à faire la lessive dans l’eau glaciale qui descend directement de la montagne. Les températures sont de nouveau plus clémentes. Nous sommes à 10°C sous un ciel bleu ensoleillé.



Avec des températures plus clémentes, Stéphanie retrouve son beau sourire.





Nous y faisons la rencontre du berger Agulet, qui vient nous voir avec son âne. Maelys a le droit de s’asseoir dessus.  Nous échangeons quelques mots, et passons près de deux heures avec cette personne sympathique. Il nous montre comment il mène son troupeau de moutons avec un fouet qu’il fabrique lui-même, ainsi qu’avec un sifflet. Nous apprenons qu’il a trois petits garçons, et comme souvent, c’est avec plaisir que nous lui offrons des crayons couleur et des cahiers. Ricardo est agréablement surpris de recevoir en retour, son couteau (fabrication maison également). 
La route vers la frontière est très animée. Nous passons des villages les uns à la suite des autres, où les enfants nous saluent à notre passage.  Les adultes aussi nous remarquent, certains nous interpellent en rigolant : « Guten Tag » et « Hände hoch », les quelques mots qu’ils connaissent en allemand. En Russie comme en Asie Centrale, beaucoup de gens pensent en effet que le Luxembourg fait partie de l’Allemagne. Quand on explique d’où on vient, ils s’exclament : « Ah, Germania ! » alors Ricardo prend la carte du monde, et leur montre le petit point que forme le Luxembourg entre « Germania, Francia et Belgia ».
Le passage vers le Kazakhstan se fait très rapidement en passant de Talas vers Taraz. En une heure nous avons passé la douane. Tout le monde est très gentil et serviable. Une douanière nous aide à remplir les papiers du camion et nous demande même en rigolant, si on ne veut pas la prendre avec nous pour la suite du voyage.  




On ne se lasse jamais de ces magnifiques couchers de soleil.

En bas à droite, Maelys et Océane, dans un décor grandiose.

Au petit matin, venu de nulle part, apparaît un berger avec son troupeau.

Au Kirghizstan aussi il faut faire attention au bétail.





 Besoin d'eau... ce ne sont pas les belles sources qui manquent.

Attention de ne pas glisser...

Contrôle visuel de la qualité de l'eau.

Les cimetières toujours aussi impressionnants...


Le Kirghizstan est un pays que nous n’avions pas prévu de visiter au départ, mais grâce aux récits d’autres voyageurs, nous avons eu envie de faire le détour. Comme nous avions dû prolonger notre séjour à Almaty, nous ne disposions malheureusement plus que d’une semaine pour visiter ce beau pays. C’est trop peu, mais ces quelques jours nous auront permis de voir des paysages sublimes, de rencontrer un peuple kirghize fier et chaleureux (mise à part le policier à l’entrée du pays). 
Nous prévoyons avec les filles de revenir au Kirghizstan, quand elles seront un peu plus grandes pour faire de la randonnée dans les montagnes,… car on est sûr que ce pays a encore bien des choses à nous faire découvrir.