Mardi, le 11 août 2015
Encore tout émoustillés de nos belles rencontres depuis
Moscou, nous décidons de faire un peu le point sur la distance qui reste à
parcourir : plus de 5000 km jusqu’au lac Baïkal.
N’ayant pas de visites de programmées pour les prochains jours, Ricardo propose
d’augmenter notre temps de route. Nous reprenons le schéma comme à travers
l’Europe : quelques heures de conduite le matin, dans l’après-midi, mais aussi le soir après
le dîner. Nous prenons quand même le temps de faire quelques pauses dans la
campagne, pour nous dégourdir les jambes ou nous reposer. Nous arrivons ainsi à
rouler plus de 500 km par jour.Un peu d'imagination et du sable, voilà un jeu tout trouvé pour les enfants. |
Un beau coucher de soleil avant de commencer le trajet de nuit. |
Ce village coloré par ses toits de maisons... |
Un des nombreux payasages de nos bivouacs |
Des bons déjeuners à moins de 15 € pour la famille. |
Le 12 août, en fin d’après-midi, non loin de la ville
d’Ekaterimbourg, nous nous rapprochons de plus en plus d’un camion qui roule
devant nous. Avec deux pneus de réserve sur l’arrière, il ressemble fortement
au camion expéditionnaire de la famille Suisse rencontrée à Moscou, mais ayant
eu des dégats… Nous nous arrêtons tous sur le prochain parking pour nous saluer
et nous raconter nos dernières journées. Nous, nos fabuleuses visites, eux
leurs journées passées dans un garage au bord de route, après que leur
structure avec les pneus de réserve se soit brisée et tombée du camion. Heureusement
il n’y a eu que des dégâts matériels, et ils ont trouvé quelqu’un pour les dépanner et ressouder le tout.
Après le plaisir des retrouvailles, nous décidons de nous diriger ensemble vers
le lieu touristique incontournable à une trentaine de km de là, à Pervouralsk
: La frontière entre le continent européen et asiatique. Malheureusement
depuis notre départ, c’est le seul moment où il pleut justement lors d’une visite, mais cela permet
aux filles de sortir leurs beaux parapluies.
Pluie et soleil, arcenciel assuré... |
Un pied en Asie, et l'autre en Europe... |
Pause photo devant un sanctuaire de prières. Chaque visiteur accroche un foulard pour sa prière. |
Ayant franchi ce passage
symbolique en Asie, nous faisons marche à arrière, de nouveau en Europe, car
Dominik nous a trouvé sur le GPS, un lac pour le bivouac, non loin de là.
Arrivés à 100 mètres
du lac, nous nous trouvons près d’une barrière, devant des propriétés privées.
Barbara et moi allons voir le gardien, qui est sorti pour nous observer de
loin. Nous essayons de lui faire comprendre qu’on aimerait aller près du lac,
et voir s’il ne connaît pas un autre chemin d’accès. Alors, ce qu’il faut
savoir sur les russes, c’est qu’ils ne vont pas simplifier leur vocabulaire, ou
réduire leur vitesse en parlant, s’ils se trouvent face à quelqu’un ne
comprenant pas grand-chose. S’ils voient qu’on ne comprend pas, ils vont tout
simplement répéter et répéter. Mais comme ils n’abandonnent pas et restent
patients, jusqu’à ce qu’on croit saisir l’idée, on aime bien cet échange
finalement. Donc comme vous pouvez vous en douter, après de longues minutes de
discussion, on a finalement compris quel chemin nous mènerait au lac, et après
demande, il nous confirme aussi qu’il n’y aura pas de problème pour y aller
avec nos véhicules. Il suffira de monter un chemin et après de passer sous
quelque chose… Après cette indication et quelques piqûres de moustiques au
passage, nous nous remettons en route.
Nous montons donc en effet un petit chemin étroit et accidenté à travers une forêt, mais nous trouvons bloqués devant le « passage sous quelque chose » : Il s’agit d’un petit tunnel passant sous les rails d’un chemin de fer ; il ne sera pas assez haut pour nos véhicules.
Nous montons donc en effet un petit chemin étroit et accidenté à travers une forêt, mais nous trouvons bloqués devant le « passage sous quelque chose » : Il s’agit d’un petit tunnel passant sous les rails d’un chemin de fer ; il ne sera pas assez haut pour nos véhicules.
Il manque au moins un mètre de hauteur... |
Les rails se trouvent à 30 mètres à droite de notre camion. |
Comme maintenant il fait quasiment noir, nous abandonnons l’espoir de
rejoindre le lac et nous arrêtons donc sur une place à côté de ce petit tunnel.
Ricardo installe notre petit « barbecue fait maison » et nous y faisons griller quelques saucisses avant de nous coucher.
Ricardo installe notre petit « barbecue fait maison » et nous y faisons griller quelques saucisses avant de nous coucher.
Avant de vous raconter la suite, revenons sur le fait que
notre bivouac se situe à côté d’un chemin de fer : Il ne s’agit pas de
n’importe lequel, mais celui du
Transsibérien. Cela signifie qu’environs toutes les dix minutes, des trains de
marchandises de plusieurs centaines de mètres de long, ou les trains de
passagers, passent à une trentaine de
mètres de nos « lits ».
Entre le bruit des moteurs des trois à quatre locomotives par convoi, et
les vibrations au sol, lors de leur passage, la nuit ne fut pas de tout repos.
Au réveil on décide de rouler quelque temps ensemble, et
c’est donc en « convoi » qu’on roule toute la journée (pour ne faire
que 250 km). Aujourd’hui nous cherchons un bivouac plus tôt, car tout le monde
a besoin de se dégourdir les jambes, et de récupérer des heures de sommeil de
retard. Grâce aux superbes véhicules qu’on a, nous faisons un peu de tout terrain,
pour nous retrouver sur une belle prairie à la lisière d’une forêt. Les hommes et les enfants vont chercher du
bois et s’occupent du feu, pendant que Barbara et moi préparons le dîner. Nous
passons une soirée très agréable au bord du feu et après la mise au lit des
enfants, nous finissons cette journée en
bavardant et contemplant les étoiles filantes, que même les moustiques
n’arrivent pas à nous gâcher.
![]() |
A la queue-leuleu derrière Ricardo à la recherche de bois... |
Quelques légumes pour accompagner la grillade. |
![]() |
Un batôn rougi par le feu et le spectacle commence... |
Après une bonne nuit reposante, nous repartons ensemble,
vers Tyumen. Un petit contrôle de police à l’entrée de la ville pour les deux
camions, mais comme souvent, il s’agit plus de curiosité et c’est avec un
« da svidania » souriant, que nous poursuivons notre route. Ce soir-là, après le dîner, nous quittons nos
compagnons de route. Le fait de rouler en journée en s’arrêtant déjà en fin
d’après-midi, ne nous donne qu’une moyenne de 250 km. Nous
préférons reprendre notre schéma de route, afin de nous donner plus de
journées « de libre » à Irkoutsk et au lac Baïkal. Les Mosers quant à eux ont des dates plus tardives que
nous pour la sortie et l’entrée Russie-Mongolie. Nous partons donc avec la promesse de rester
en contact, pour éventuellement pouvoir se retrouver au lac Baïkal.
A l'entrée de la ville de Tyumen, des dizaines de camions chargés ou vides attendent preneur... |
Avant de conclure cet article, nous aimerions vous faire partager la magie du
hasard. En quittant les Mosers à Moscou, à un jour d’intervalle, ne connaissant
pas les routes que chacun allait prendre, les différents séjours dans d’autres
villes,… nous aurions pu les doubler sans les voir lors de nos conduites
nocturnes, ou leur arrêt au garage (lors de cette rencontre, cela ne faisait
que 20 km qu’ils avaient repris la route), quel était le taux de probabilité de
retomber sur cette famille?
Cette magie du hasard, que d’autres interpréteront comme le destin, mais qu’importe le nom qu’on lui donne, c’est exactement ce que nous attendons de notre voyage.
Nous continuons donc notre voyage vers la prochaine destination, la ville de Omsk, où nous aimerions trouver une piscine… mais ça, c’est une autre histoire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire